Destination, les pôles attirent toujours plus les touristes.

Publié le 30 Novembre 2015

 

 

Sud ou Nord, les pôles magnétisent les touristes en quête de terres vierges

Pagayer entre des icebergs, skier sur la banquise… Le tourisme vers les pôles est en plein essor et n’est pas forcément une menace lorsque ces terres protègent drastiquement leur nature fragile: il peut être l’opportunité de sensibiliser les voyageurs au changement climatique.

Il faut que les gens viennent découvrir les zones polaires, mais pas n’importe comment bien sûr. Cela peut être une opportunité formidable car on a besoin d’ambassadeurs qui témoignent des bouleversements du réchauffement climatique, tellement rapides et considérables que même la nature n’a pas le temps de s’adapter, dit à l’AFP l’aventurier Nicolas Vanier.

Le tourisme est également intéressant car ces régions sont devenues de véritables déserts, sans hommes: si j’avais fait mon périple dans le Grand Nord il y a un siècle, j’aurais pu m’arrêter dans des petits villages, mais aujourd’hui tous les Inuits et les Indiens sont concentrés dans des villes-aéroports, résume l’explorateur connu pour ses périples en chiens de traîneaux.

En Antarctique, 40.000 touristes, majoritairement des croisiéristes, sont attendus pendant la saison 2015/2016 – contre 26.500 en 2011/2012, selon l’association Iaato qui représente les compagnies voguant vers cette destination.

Un quart de ces voyageurs ne pourront cependant pas mettre pied à terre: l’Antarctique est en effet protégé par un Traité dont un chapitre dédié au tourisme (datant de 1994) interdit d’accoster aux bateaux transportant plus de 500 personnes, et limite à 100 le nombre de personnes pouvant débarquer à la fois. Les semelles des visiteurs doivent également être décontaminées et leurs affaires brossées pour ne pas introduire d’espèces non indigènes, des germes ou de la terre.

– Un Arctique sans ‘cowboys’ ? –

En Antarctique, il n’y aura jamais de tourisme de masse grâce à cette régulation. Mais j’aimerais que les mêmes règles soient appliquées dans certaines eaux arctiques, pour ne pas avoir des acteurs qui se comportent comme des cowboys ! Des navires de plus de 5.000 personnes avec d’énormes réservoirs pleins de fuel ne devraient pas être autorisés, déplore auprès de l’AFP Daniel Skjeldam, président de Hurtigruten, une compagnie norvégienne spécialiste des croisières polaires.

Car contrairement au continent Antarctique, l’Arctique est un territoire que se partagent huit pays – Canada, Etats-Unis (Alaska), Danemark (Groenland), Russie, Norvège, Finlande, Islande et Suède – d’où la difficulté de parvenir à une réglementation commune.

Ces pays ont adopté des règles de base communes qui certes protègent l’environnement mais sont moins restrictives qu’en Antarctique, notamment au Groenland, où un projet plus protecteur devrait aboutir d’ici un an, résume Lionel Habasque, PDG du voyagiste français Grand Nord Grand Large, spécialiste des voyages polaires.

A ce jour, de gros paquebots de milliers de passagers peuvent donc encore accoster au Groenland, même s’ils ne peuvent s’arrêter que dans les très grands ports, en raison de leur taille.

Selon les données de l’Aeco, l’association des voyagistes proposant l’Arctique, quelque 70.000 touristes ont visité le Groenland en 2014 et plus de 40.000 le Spitzberg (Norvège).

Il y a de plus en plus d’intérêt pour du tourisme dans ces régions. Nous avons une croissance de 8% des passagers entre 2013 et 2014, indique le président d’Hurtigruten, Daniel Skjeldam.

Le patron de Grand Nord Grand Large, qui organise des croisières à taille humaine (10 à 140 passagers) et des randonnées à pied, en ski nordique ou en kayak de mer entre les icebergs, renchérit: Le monde polaire est devenu très à la mode et l’activité de l’agence est en croissance de 20%.

 

‘Rien de plus magique’ –

M. Skjeldam souligne que les voyageurs veulent faire du tourisme durable. Malheureusement, ils peuvent constater facilement eux-mêmes les changements climatiques: notre objectif en les emmenant dans ces zones vierges est qu’ils deviennent une partie de la solution pour résoudre les défis climatiques, résume-t-il.

Aux îles Lofoten, un archipel norvégien au nord du cercle polaire, la remontée des températures est déjà bien visible des touristes: Se retrouver à randonner en short par près de 25 degrés début juin à Svolvaer, alors que la moyenne des températures sur les dix années précédentes ne dépassait pas les 12 degrés, c’était complètement inattendu, témoigne Margaux Maury, une touriste française qui a passé dix jours sur l’archipel.

Ca fait vraiment prendre conscience que le réchauffement climatique est enclenché, reconnaît-elle.

Mais que les touristes se rassurent: pour l’instant, les grandes étendues gelées sont toujours là.

Pour Dominique Albouy, responsable des voyages en Terres Polaires chez Grand Nord Grand Large, il n’y a rien de plus magique que de se retrouver aux commandes de son propre attelage de chiens et n’entendre que le bruit des patins sur la neige.

Rédigé par Régis Baillargeon

Publié dans #Decouverte

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